John Dewey (1859-1952), philosophe de l’école pragmatique nord-américaine propose des définitions de l’intelligence, des données, de la connaissance orientées vers l’action que l’on retrouve dans les problématiques de la Smart City. A partir d’une analyse systémique il analyse les bases communes de légitimation de cette nouvelle forme de pensée l’espace repose sur une analyse partagée des défaillances du système actuel et une approche managériale permettant de concevoir, réaliser et gérer de manière économe les solutions et les services réorganisés. Il faut également rappeler, comme le souligne le rapport européen. Les Villes de demain – Défis, visions et perspectives, un autre défi : celui d’aller plus loin que la résolution des problèmes en en faisant le terrain d’opportunités ; c’est-à-dire de hasards constructifs, positifs, potentiellement innovants. La Smart City se traduit donc comme, un territoire de changements et d’actions qui relèveraient de l’intelligence créative et économique.En fait, cet article confronte les discours et les conceptions de la ville intelligente à cette clé de lecture. Cette approche, décentrée par rapport aux travaux habituels sur la Smart City, permet une analyse des convergences comme des écarts où se jouent les questions de l’agir créatif, de la démocratie, de la technologie et les stratégies des différents acteurs publics et privés.
Pourquoi relier et ralentir?
Plus prosaïquement, la Smart City est présentée comme une évidence. Celle d’une réponse urgente à apporter aux problèmes engendrés par les concentrations urbaines. Elle s’inscrit parfaitement dans l’idée de « ralentir » et de « relier ». L’objectif est de concevoir notamment un pôle d’excellence technologique afin d’inciter étudiants, experts, hommes d’affaires, spécialistes de l’environnement et entreprises innovantes peuvent collaborer. Pour un certain nombre d’acteurs elle sera l’environnement « naturel » de l’homme amélioré. Une façon de puiser des sens cachés chez l’humain et d’en faire un modèle pour lui-même. En fait, elle n’est pas seulement l’expression emblématique de la cité dans une société numérique, mais s’inscrit dans une « société de la connaissance » qui reposera in fine sur une convergence systémique « Connaissance, Technologie et Société » dont le noyau dur est celui de la convergence technologique entre « nanotechnologie – biotechnologie – informatique et science cognitive » (NBIC).
Exemple :
Le “Masdar City» de l’Emirats Arabes Unis : Un éco-quartier inscrit dans une volonté de modèle écologique urbain à échelle planétaire.
L’Emirats Arabes Unis, l’un des plus grands exportateurs de pétrole a décidé de se projeter vers un nouvel horizon. Sachant que les réserves pétrolières de l’Emirats Arabes Unis vont se tarirent dans une centaine d’années, la notion de durabilité devient alors prépondérant dans les débats en vue de prospectives plus orientées vers une forme d’énergie verte. Ainsi, depuis la capitale des Emirats arabes unis, la famille régnante d’Abu Dhabi a lancé ce projet qui devait se déboucher sur une ville produisant des énergies renouvelables elle-même et ne générant aucun déchet renouvelable. C’est à travers cet avenir «vert» que le projet Masdar a vu le jour en plein désert. En théorie, un bourg qui devient annonciateur des prémices prometteurs de l’urbanité durable. Lancé par le Sultan Ahmed Al Jaber, celui-ci a fait appel au maître d’œuvre Foster and Partners en 2008. L’ambition est ainsi de trouver des solutions d’efficacité énergétique de façon à planifier les villes émergentes. En somme, nous pouvons dire que c’est un vrai mirage qui s’érige au pays de l’or noir.autres liens
Référence
Akram Belkaïd, Derrière la vitrine écologique du Golfe, Le Monde diplomatique 2008/8 (n°653)
Chopplet Marc, « Smart City : quelle intelligence pour quelle action ? Les concepts de John Dewey, scalpels de la ville intelligente », Quaderni, 2018/2 (n° 96), p. 71-86. URL : https://www-cairn-info.sid2nomade-2.grenet.fr/revue-quaderni-2018-2-page-71.htm
Autres exemples
A Caragliu, C. Del Bo et P Nijkamp, « Smart cities in Europe », Serie Research Memoranda 0048, VU University Amsterdam, Faculty of Economics, Business Administration and Econometrics,
Fanny Bertossi, Anne Charreyron Perchet, « Villes intelligentes, « smart », agiles : Enjeux et stratégies de collectivités françaises », Commissariat général au développement durable, mars 2016
« A Toronto, Bianca Wylie défie Google et sa ville connectée », Le Monde, (lire en ligne [archive], consulté le 23 décembre 2019)